Quels sont les bénéfices et risques potentiels d’utiliser comme litière la fraction solide recyclée des déjections des bovins ?
L’objectif de cette revue de la littérature menée par des Anglosaxons était d’étudier les bénéfices et effets néfastes potentiels d’utiliser comme litière au sein des bâtiments de vaches laitières des composés solides issus de la digestion/recyclage de la phase solide des déjections bovines (lisier le plus souvent). Les auteurs ont abordé successivement différents aspects liés à l’utilisation de ce type de matériaux comme litière.
Bénéfices potentiels
- Disponibilité du support, l’aspect économique est plus discutable compte-tenu de l’appareillage nécessaire
- Confort de couchage des vaches (plusieurs études en ce sens). Des études non convergentes rapportent parfois des fréquences de tarsites moindre mais sans doute en lien avec une fourniture de litière plus abondante des éleveurs, qui sont moins restrictifs qu’avec de la paille
- Meilleure propreté perçue par les éleveurs (pas de convergence des études)
- Moins de génération de poussières donc meilleur pour la santé respiratoire des animaux et de l’éleveur (pas d’études)
Risques potentiels
Santé mammaire
Il s’agit du secteur en santé le plus étudié. Néanmoins, le risque est théorique à ce stade, très peu d‘études étant disponibles sur la dégradation ou non de la santé mammaire (mammites environnementales notamment), avec ce type de litière. Des études rapportent des situations sous contrôle mais avec de grandes variabilités. Plus d’études seraient nécessaires pour statuer.
Paratuberculose
L’hygiénisation de ce matériau n’étant pas totale, des Map ont été retrouvées, il est conseillé d’éviter d’utiliser ce matériau pour les vaches taries ou prêtes à vêler et pour les jeunes, plus susceptibles à la contamination oro-fécale.
Boiteries
Presque aucune étude de disponible. On rapporte des pieds plus secs, ce qui peut être bénéfique.
Impact sur la santé humaine
La pasteurisation du lait écarterait tout risque résiduel (sauf pour Bacillus cereus). L’amélioration de la santé pulmonaire (poumon de fermier) reste théorique, pas d’études le démontrant.
Impact sur l’hygiène alimentaire
Les matières fraîchement recyclées semblent moins à risque que celles compostées pour lesquelles des niveaux élevés de spores mésophiles thermorésistantes ont été observées. Ainsi plusieurs opérateurs de lait néerlandais interdisent l’utilisation de litières compostées, du fait d’un risque potentiel de conservation des produits laitiers.
Perception du public
On pourrait s’attendre à un accueil frileux mais on ne dispose pas d’études.
En conclusion, il ressort de cette revue de la littérature que l’utilisation de la fraction solide des déjections bovines comme litière est perçue comme avantageuse par les éleveurs (déjà utilisateurs) et plus favorable en termes de confort pour les vaches par rapport à des litières plus rugueuses.
Cependant, les aspects sanitaires – y compris une possible vectorisation de gènes de résistance aux antibiotiques – sont à ce jour peu connus/étudiés. Un monitoring fin et régulier de la santé mammaire, de la propreté des animaux et de la santé en général semble indispensable en l’absence de plus de données.
Résumé Article “Recycling manure as cow bedding:potential benefits and risks for UK dairy farms”. K.A. Leach, S.C. Archer, J.E. Breen, M.J. Green, I.C. Ohnstad, S. Tuer, A.J. Bradley, The Veterinary Journal, 2015, (206): 123-130.
GP FR/ORUM/0617/0069