Brèves de traite – septembre 2020
MAMELLE : des cas de mammillite en élevage laitier en Italie
La mammillite est une infection virale affectant trayons et mamelle, qui peut toucher une proportion importante de vaches laitières issues d’un troupeau naïf. La mammillite ulcérative (appelée également « Bovine Herpetic Mammillitis » ou BHM) est une infection de la peau des trayons et de la mamelle, due à l’herpesvirus bovin de type 2 (BoHV-2). Le cas clinique présent est décrit dans un élevage laitier du sud de l’Italie, où a éclaté un épisode pathologique sur 26 des 59 vaches présentes. Les signes ont été une atteinte ulcéreuse cutanée des trayons, de la mamelle et de la surface ventrale de l’abdomen près des veines mammaires. Le virus a été détecté par RT-PCR puis isolé sur cellules de reins de bovins. L’évolution a été une rémission spontanée au bout de 2 mois sur tous les animaux atteints. Ce cas clinique montre que le virus circule bien en Europe, même s’il se manifeste sous forme sporadique. Il conviendrait de mieux explorer l’épidémiologie et la pathogénie de cette infection virale. (Lanave et al, BMC Veterinary Research, 2020, 16 : 103).
REPRODUCTION : microbiote utérin et métrites
Les métrites sont associées à une dysbiose du microbiote utérin caractérisée par une moindre richesse et hétérogénéité globale de cette flore bactérienne, ainsi que par une augmentation des Bacteroides et Fusobacteria, particulièrement les genres Bacteroides, Porphyromonas et Fusobacterium. Cette publication rédigée par plusieurs spécialistes nord-américains, suite à un symposium, souligne l’existence de bactéries dans l’utérus avant le vêlage, avec une structure du microbiote bien établie dans les 20 minutes autour du vêlage. Ce microbiote utérin reste identique entre vaches saines et vaches qui développeront une métrite jusqu’à 2 jours post-partum. Puis il s’opère chez les vaches qui développent une métrite une modification profonde du microbiote avec une prolifération des Bacteroides et Fusobacteria, ainsi qu’une moindre importance des Proteobacteria et Tenericutes. Bacteroides, Porphyromonas et Fusobacterium sont les genres bactériens qui sont le plus fortement associées aux métrites. La voie hématogène semble être une « route » possible d’infection utérine par les bactéries pathogènes. (Galvao et al, Journal of Dairy Science, 2019, 102(12): 11786-11797).
NUTRITION : calcium sanguin et profils métaboliques, santé, performances de production et reproduction des vaches laitières
Les vaches laitières à faible calcémie ont, par rapport à celles ayant des niveaux élevés, de plus faibles concentrations en minéraux sériques, de plus fortes concentrations en marqueurs de la mobilisation graisseuse et de l’inflammation, une plus forte incidence de pathologies post-partum et de moins bonnes performances de reproduction. Ce sont les conclusions d’une étude canadienne réalisée sur 398 vaches Holstein (111 primipares, 287 multipares) issues de 11 élevages de l’Alberta. Un ensemble de paramètres biochimiques, cliniques et zootechniques ont été comparés entre vaches à faible taux (Ca – : ≤2.10 mmol/L) et forts taux (Ca + >2.10 mmol/L) de calcium sérique. En comparaison des femelles Ca +, les vaches Ca présentaient de manière statistiquement significative :
- de plus faibles teneurs sériques en Mg, Na, K, albumine, globuline, protéines totales et cholestérol,
- de plus forts taux d’urée, aspartate aminotransférase (AAT), BHB, AGNE et haptoglobine,
- une plus forte incidence de troubles de santé, sauf mammites et déplacements de caillette,
- une plus faible production laitière dans les premiers 25 jours de lactation,
- une moindre chance de cyclicité à 35 jours de lactation et une moindre réussite en IA1.
(Gobikrushanth et al, Livestock Science, 2020, 103946).
BREBIS LAITIERE : alimentation et qualité du lait
La synthèse des protéines du lait de brebis, largement sous dépendance génétique, est moins influencée par l’alimentation que celle de la matière grasse ; à l’opposé, la fraction azotée non protéique du lait est largement impactée par des facteurs nutritionnels. Les auteurs italiens ont réalisé une revue de l’influence de facteurs nutritionnels non seulement sur la composition du lait, mais également sur sa qualité (notamment les concentrations en cellules somatiques (CCS)). L’alimentation influe sur la teneur en matières grasses du lait de brebis. Les facteurs nutritionnels ont peu d’influence sur le taux de protéines du lait ; les essais de supplémentation de la ration avec des acides aminés protégés (« bypass » du rumen ; lysine et méthionine) ont donné des résultats souvent inconstants. La solubilité et dégradabilité des protéines alimentaires ainsi que la disponibilité en énergie peuvent affecter la fraction azotée non protéique du lait, particulièrement son niveau d’urée. Ce dernier critère est un excellent prédicteur du statut nutritionnel protéique de la brebis, et également un indicateur d’excès protéiques comme de carences préjudiciables à la santé, l’immunité et la reproduction des brebis. L’urée du lait est inversement associée au taux cellulaire du lait (CCS). La santé de la mamelle (prévention des mammites) et une bonne qualité du lait en termes de cellules (CCS) sont également dégradées par des carences en oligoéléments (Se, Zn, Mn, and Fe) et vitamines (bêta-carotène, vitamines A et C). Enfin l’apport d’huiles essentielles alimentaires, ainsi que de polyphénols, serait bénéfique au critère CCS. (Nudda et al, Small Ruminant Research, 2020, 106015).
BIEN-ÊTRE : état corporel et santé des vaches de réforme au Canada
30 % des vaches laitières de réforme vendues sur des marchés de gros bovins n’ont pas un état satisfaisant à leur arrivée suite au transport, situation influencée par une forte demande en lait et résultant en des prix de marché réduits (étude canadienne). Les auteurs ont suivi pendant 12 mois 2 marchés de gros bovins de Colombie Britannique (Canada). Une observation de l’état corporel et sanitaire (mammites, boiteries, blessures, …) a été réalisée par 3 personnes formées initialement sur un total de 6.263 vaches de réforme. Les résultats ont été les suivants : 10 % de vaches maigres (état corporel ≤ 2 sur une échelle de 1 à 5), 7 % de vaches avec des boiteries sévères (notation ≥ 4 sur une échelle de 1 à 5), 13 % d’animaux avec œdème de la mamelle ou mammite, 6 % de vaches avec d’autres signes cliniques (pneumonie, abcès, blessures, …). Les vaches réformées durant les mois de forte demande en produits laitiers avaient plus de risques d’avoir un état moins satisfaisant au moment du transport vers les marchés à bestiaux. Les prix des vaches (au kg) étaient surtout diminués lors d’état corporel insuffisant ou de maladie systémique, à un degré moindre lors de boiteries et de mammites. (Stojkov et al, Journal of Dairy Science, 2020, 103 (3): 2650-2661).
IMMUNITÉ : effets de la thermisation sur la qualité du colostrum
La thermisation du colostrum (traitement thermique de 60 minutes à 60°C) réduit significativement les concentrations en bactéries et cellules somatiques du lait ainsi que les taux de certaines protéines actives sur l’immunité, sans modifier cependant les teneurs en immunoglobulines G. L’étude a été menée par l’Université de Cornell (USA) : des colostrums de 11 vaches provenant d’un élevage laitier de l‘Etat de New-York ont été prélevés lors de la première traite post-vêlage avec une exigence, en termes de qualité, d’un degré (%) supérieur à 22 selon l’échelle du réfractomètre Brix. Chaque colostrum a été divisé en 2 aliquotes : un soumis à la réfrigération, un chauffé durant 60 minutes à 60°C. Divers critères de la qualité immunitaire ont été évalués : immunoglobulines G et A par immunodiffusion radiale, insuline et IGF-1 (« insulin-like growth factor-1 ») par des tests radio-immunologiques. La qualité bactériologique a également été estimée par comptage bactérien (sur gélose au sang) et la concentration en cellules somatiques (CCS) par cytométrie de flux. La thermisation n’a pas entrainé de variation significative de la teneur colostrale en IgG, mais a induit une diminution significative des concentrations des IgA, de l’IGF-1 et de l’insuline, respectivement de 8,5 %, 10 % et 22 %. Pour les paramètres de la qualité sanitaire, le traitement thermique a permis de réduire significativement la numération bactérienne totale de 93 % en médiane (45-100 %) et le CCS de 36 % (0-90%). Les effets de la thermisation sont donc positifs sur la qualité bactériologique du colostrum, neutres sur les teneurs en IgG : il conviendrait cependant d’explorer l’impact biologique d’une diminution des teneurs en autres composants immunitaires ou hormonaux mesurés dans cette étude sur le développement de l’immunité active du veau. (Mann et al, Journal of Dairy Science, 2020, 103, 10 : 18618).
TRAITEMENT : traitements adjuvants des mammites et performances de reproduction
Différents types de traitements adjuvants (antioxydants, AINS) peuvent contribuer à améliorer la fertilité chez des vaches laitières atteintes de mammite clinique et traitées aux antibiotiques. Les auteurs polonais ont sélectionné 300 vaches laitières, issues de 3 élevages, qui ont été réparties en 5 groupes : 1 lot témoin sain ; 4 groupes avec mammites cliniques aigües (entre 10 jours de lactation et 14 jours après IA) recevant soit des antibiotiques intramammaires seuls (diverses spécialités), soit associés à un traitement antioxydant (vitamines C, E, bêta-carotène et Se ; voie SC), à un traitement immunomodulateur (lysozyme voie IM) ou à un AINS (flunixine méglumine par voie IM). La prévalence des germes pathogènes ne différait pas entre les groupes (prédominance de streptocoques et de staphylocoques). Il n’y a pas eu de différence entre les 4 groupes traités quant au taux de guérison clinique au niveau des quartiers (60,1 % en moyenne), même si une tendance à une moindre réussite a été observée pour le groupe « antibiothérapie seule ». Les vaches atteintes de mammite clinique ont de moins bonnes performances de reproduction (taux de gestation après IA1, délai vêlage-début de gestation suivante, nombre d’IA nécessaires pour obtenir une gestation) que les animaux témoins. Quant à l’impact des traitements adjuvants sur la fertilité des vaches, une tendance à de meilleures performances est notée par rapport à l’antibiothérapie seule, significative pour le groupe « antioxydants ». (Smulski et al, BMC Veterinary Research, 2020, 16 : 99).
TARISSEMENT : durée du tarissement, santé, reproduction et performances
Une durée de tarissement comprise entre 40 et 49 jours n’affecte pas la santé et la fertilité des vaches laitières par rapport à une durée conventionnelle de 60 jours, alors qu’une durée de période sèche supérieure à 70 jours est défavorable à la quantité de lait produite, au taux de réforme et à la fertilité des femelles laitières (races Holstein). Une thèse de doctorat de l’Université d’Uppsala (Suède) a fait l’objet de cette publication, qui a étudié santé, fertilité et performances laitières de vaches issues de 2 races suédoises (« Swedish Holstein » et « Swedish Red ») en fonction de la durée de tarissement (de 30 à 90 jours, par tranche de 10 jours). La base analysée comprenait 78.577 lactations de vaches de rang de lactation supérieur ou égal à 2. Les auteurs n’ont pas observé de différences entre durées de période sèche selon la race et la parité. La production laitière corrigée de l’énergie a été la plus élevée, sur les 3 premiers mois de lactation, pour les groupes « 50-59 jours » et « 60-69 jours » par rapport aux catégories « 30-39 jours » et « 80-89 jours ». Il n’a pas été observé de différences entre durées de période sèche sur la fréquence des mammites et les concentrations en cellules somatiques (CCS) ultérieures, sauf au cours du 3ème mois de lactation ; sur cette période, le CCS était plus bas pour les catégories « 40 à 69 jours » par rapport aux groupes « 70 à 89 jours ». La catégorie « 30-39 jours » avait un risque de rétention placentaire multiplié par 1,9 par rapport au groupe « 60-69 jours ». Le taux de réforme le plus bas a été observé pour les groupes ayant une durée de période sèche de 40 à 59 jours. Aucune différence n’a été décrite entre catégories sur le taux de conception. Pour la durée inférieure à 40 jours, les auteurs concluent à une baisse de production laitière sur la lactation corrigée « 305 jours », cependant compensée par la quantité additionnelle de lait sur la lactation précédente. (O’Hara et al, Preventive Veterinary Medicine, 2020, 175 : 104876).
GP-R-FR-NON-200900033