Brèves de traite – juin 2019

ENVIRONNEMENT : température, pollution et mortalité des Bovins

Des températures extrêmes (chaud et froid) influent sur la mortalité des Bovins (surtout des jeunes veaux), contrairement à la pollution de l’air : c’est la conclusion d’une étude néerlandaise basée sur des mesures effectuées dans de nombreux élevages (majoritairement laitiers) entre 2012 et 2017 aux Pays-Bas, complétées par des relevés de température et de qualité de l’air (NH3, NO2, O3, particules, …). Les auteurs utilisent un critère, le THI (« Temperature Humidity Index »), évaluant les effets combinés de la température extérieure et de l’humidité relative : c’est une mesure qui permet d’évaluer le risque de stress thermique. L’impact est très marqué sur les veaux de 15 à 55 jours lors de températures basses (THI ≤ -0.8°C) ou élevées (THI ≥ 21.6°C); les veaux de 55 jours à 1 an sont plus sensibles aux températures faibles, alors que les très jeunes veaux (moins de 14 jours) et les vaches de plus de 2 ans sont plus affectés par des températures élevées. La pollution de l’air a eu très peu d’impact sur la mortalité des Bovins, si ce n’est un effet significatif de la teneur en ozone observée sur les bovins de tous âges (sauf vaches de 1 à 2 ans). (Egberts et al, Preventive Veterinary Medicine, 1er juillet 2019, 168, 1-8).

NUTRITION : acidité ruminale et qualité/quantité de lait

Les variations d’acidité ruminale ont un impact significatif sur le temps de rumination et la quantité de lait produite, mais pas sur la composition et les propriétés technologiques du lait : cette étude de terrain a été réalisée en Italie sur 100 vaches laitières en début de lactation, réparties dans deux élevages. Les vaches étaient réparties en 4 quartiles en fonction du pH ruminal (de 5.61 pour le premier quartile à 6.42 pour le dernier). Le taux d’acides gras volatils et le temps de rumination (sur une tranche horaire 8h-12h) augmentent avec l’accroissement du pH ruminal. La production laitière décroit lorsque l’acidité ruminale augmente. Par contre, les variations d’acidité ruminale n’ont pas d’influence sur la composition du lait en termes de contenu en protéines et matières grasses et de pH, ainsi que sur ses propriétés technologiques (coagulation) en vue de la préparation de fromages. (Saha et al, Animals, 2019, 9, 66 : 1-13).

DIAGNOSTIC : protéines de l’inflammation et mammites

La mesure dans le lait de 3 protéines de l’inflammation majeures est significativement corrélée à l’agent pathogène responsable de mammites ainsi qu’à sa forme clinique : le laboratoire de diagnostic de l’Université de Glasgow a analysé un grand nombre de prélèvements de lait issus d’élevages laitiers écossais. Ont été dosées dans le sang par des tests ELISA les protéines de l’inflammation suivantes : haptoglobine, amyloïde A3 sérique et protéine « C-réactive » (CRP). Le dosage de ces protéines permet clairement de distinguer mammites cliniques et subcliniques d’une part, mammites subcliniques et absence de mammite d’autre part. Les plus forts niveaux de protéines réactives ont été observés avec les colibacilles et les espèces majeures de Streptocoques (S. uberis, S. dysgalactiae). Ces 3 paramètres, témoins de l’inflammation de la mamelle, peuvent être des substituts ou compléments intéressants au comptage cellulaire couramment utilisé en élevage. (Thomas et al, Research in Veterinary Science, Août 2018, 119 : 176-181).

ECONOMIE : mammites et impact sur la production laitière

Les pertes en production laitière pour les vaches atteintes de mammites sont significatives pour tous les agents pathogènes responsables (majeurs et mineurs) : une compilation de données de production et de laboratoire (bactériologie) sur plus de 20.000 vaches laitières de 2010 à 2012 en Finlande conduit à la conclusion qu’on ne doit sous-estimer aucun agent pathogène responsable de mammite quant à l’impact sur la production laitière. Dans le cadre de cette étude, les impacts les plus significatifs ont été observés avec des mammites colibacillaires avant le pic de lactation (- 10.6 % de production laitière) ainsi que lors de mammites à S. aureus sur la même période (-7.1 %). Avec ce même Staphylocoque, sur une période de lactation de 54 à 120 jours, la perte de production laitière est équivalente que la mammite soit clinique ou subclinique. Pour les Streptocoques (S. uberis et S. dysgalactiae), les pertes en production laitière vont de 3.7 à 6.6 %. Enfin lors de mammites cliniques avant lactation dues à des pathogènes considérés comme « mineurs », les pertes en production peuvent aller de 5.7 % (Staphylocoques coagulase négative) à 7.4 % (Corynebacterium bovis). (Heikkilä et al, Journal of Dairy Science, 2017, 101 (10) : 9493-9504).

IMMUNITE : intérêt du dosage des IgG salivaires chez le veau 

Les immunoglobulines G salivaires peuvent être utilisées afin de prédire les immunoglobulines G sériques, par la méthode d’immunodiffusion radiale (IDR) et au-delà de seuils de 10 g/l : l’étude pilote scandinave a été menée sur 20 veaux laitiers âgés de 1 à 3 jours, sur lesquels ont été réalisés des prélèvements de sang et salive. Les niveaux d’IgG ont été analysés directement par la méthode d’immunodiffusion radiale (IDR) et indirectement avec un réfractomètre Brix. Les IgG ont été quantifiées dans la majorité des échantillons de salive. Une forte corrélation a été démontrée entre IgG salivaires (valeurs entre 0.1 et 0.6 g/l) et IgG sériques (valeurs entre 14 et 54 g/l) avec la méthode IDR. En dépit de la nécessité de développer une méthode permettant de détecter des IgG salivaires en-dessous de 0.1 g/l, le dosage des IgG salivaires par la méthode IDR pourrait constituer un moyen de surveillance du défaut de transfert d’immunité passive de la mère au veau.  En revanche, les résultats ne sont pas en faveur de l’utilisation du réfractomètre Brix pour quantifier les IgG salivaires (pas de corrélation avec les IgG sériques). (Johnsen et al, Translational Animal Science, January 2019, Volume 3, Issue 1, 589–593).

BIEN-ÊTRE : temps de couchage post-partum et performances 

Un temps de couchage augmenté dans les 14 premiers jours de lactation, c’est un risque de réforme supérieur dans les 60 jours suivant le vêlage : il y a donc une relation linéaire significative entre temps de couchage post-partum (14 premiers jours de lactation) et risque ultérieur de réforme. C’est une des conclusions d’une étude américaine portant sur 1.052 vaches Holstein (401 primipares et 651 multipares), issues de 3 élevages ; elles ont été équipées de capteurs électroniques au niveau des pattes postérieures. Le niveau de production laitière n’était pas lié significativement au temps moyen de couchage post-partum. Une relation quadratique significative (courbe « en cloche ») a été démontrée entre temps de couchage post-partum et cyclicité à 42 jours. La probabilité d’une gestation dans les 300 jours est plus élevée chez les vaches ayant un temps de couchage post-partum de 9 à 13 heures par jour en comparaison de vaches couchées plus de 13 heures par jour. Enfin le risque de réforme dans les 60 jours et de non gestation dans les 300 jours est plus élevé chez les vaches cétosiques en comparaison aux vaches saines. Il existe donc un optimum pour le temps de couchage post-partum journalier des vaches élevées en stabulation libre, en termes de performances zootechniques, sanitaires et reproductrices. (Pineiro et al, Journal of Dairy Science, December 2018, 102, 3362-3375).

MAMMITES : robot de traite et facteurs de risques des mammites

On retrouve quasiment les mêmes facteurs de risques des mammites en robot de traite qu’en système de traite conventionnel, en priorité l’hygiène de la vache et du robot : c’est une des conclusions d’un suivi réalisé sur 135 élevages laitiers néerlandais avec un système « robot de traite » à partir de 2008. Une bonne hygiène générale (vaches et robot) est corrélée à un moindre comptage cellulaire du troupeau et moins de cas nouveaux de vaches à comptage cellullaire anormal. Une désinfection (trempage) post-traite efficace est associée à la réduction des nouveaux cas de vaches “à cellules”.  Une taille élevée d’élevage est associée à un moindre niveau moyen de cellules au niveau du troupeau (fluctuations temporaires ayant moins d’influence à l’échelle du troupeau), mais par contre à plus de nouveaux cas de vaches à comptage cellulaire élevé (moins de temps passé à des mesures préventives). Une attention insuffisante de l’éleveur par rapport à la santé de son troupeau (par exemple, moindre utilisation de la bactériologie de lait), plus paradoxalement une fréquence élevée de contrôle du robot et un temps accru passé à observer les données au niveau de son ordinateur sont reliées significativement à une incidence annuelle plus importante de cas de mammite clinique : vraisemblablement une conséquence de problèmes accrus de mammites cliniques pour les 2 derniers paramètres cités … ! (Deng et al, Journal of Dairy Science, March 2019, 102, 1-14).

GENETIQUE : santé du pied et sélection génétique

Utiliser les données de parage du pied est recommandé dans l’évaluation génétique de la santé du pied : depuis 2010, de nombreux pays d’Europe du Nord (Scandinavie, Pays-Bas) utilisent les données de santé du pied dans la sélection génétique des Bovins laitiers. Cependant, les héritabilités des principales boiteries du pied de la vache laitière sur la base des données de parage sont faibles, d’où la nécessité d’intégrer d’autres paramètres comme le score de locomotion et les caractéristiques de conformation. Les corrélations génétiques les plus puissantes, même si elles restent faibles quantitativement, sont démontrées entre hémorragie de la sole, ulcère de la sole et ouverture de la ligne blanche d’une part, entre dermatite digitée et érosion de la corne du talon d’autre part. (Heringstad et al, Journal of Dairy Science, 2018, 101, 4801-4821).

GENISSE: facteurs de risques de morbidité et mortalité des futures génisses

Morbidité et mortalité des futures génisses avant sevrage sont principalement liées au poids à la naissance et la concentration en Ig G sériques : c’est la conclusion d’une étude longitudinale réalisée aux USA sur 2.545 veaux femelles (futures génisses) issus de 104 élevages laitiers, ceci sur une période de 18 mois. Les niveaux moyens de morbidité et mortalité étaient respectivement de 33.9 et 5 %. Outre les 2 critères déjà cités et majeurs quant à la santé de ces animaux, la morbidité était également liée au type de ventilation (ventilation contrôlée versus ventilation naturelle) et au climat (index moyen température-humidité en baisse) ; la mortalité semblait également influencée par le niveau de matières grasses dans l’alimentation liquide (moins de 150 g de MG/j) et aussi logiquement par la morbidité.  Par exemple, la valeur de l’Odds Ratio (OR) était dans cette étude de 4.7 (cela signifie un risque multiplié par 4.7 …) pour des jeunes femelles qui ont été malades pendant la période de présevrage en comparaison de veaux qui n’ont eu aucun trouble sanitaire durant la même période. (Urie et al, Journal of Dairy Science, October 2018, 101, 10, 9229-9244).

ELEVAGE BIO : coût des principales pathologies de la vache laitière

96, 43, 21 et 10 € par vache laitière et par an, c’est le coût respectivement des mammites, boiteries, cétoses et métrites : ce sont les résultats d’une étude multicentrique (France, Suède, Allemagne et Pays-Bas), réalisée d’après des données sanitaires, zootechniques et économiques de 162 élevages laitiers conduits en agriculture biologique. Les auteurs ont élaboré un outil de calcul spécifique en fonction de toutes ces données d’élevage et de marché. La hiérarchie des 4 pathologies est la même dans les 4 pays, les mammites restant de loin le premier poste de coût en ce qui concerne les troubles sanitaires. (van Soest et al, Preventive Veterinary Medicine, July 2019, 168, 19-29).

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