Facteurs de risques de CCS élevés en début de lactation lors de traitement sélectif au tarissement

L’utilisation en routine d’antibiotiques par voie intramammaire pour toutes les vaches d’un troupeau laitier au début de la période sèche n’est plus autorisée en Europe, comme l’indique le nouveau Règlement 2019/6 visant à lutter contre la résistance aux antimicrobiens.

Il existe différentes méthodes qui peuvent être utilisées pour sélectionner les vaches devant être traitées pendant la période sèche ; la plus spécifique est la culture bactériologique du lait, qui détecte la présence de pathogènes dans au moins un quartier de la mamelle.

Cependant, compte tenu du coût économique et des conditions nécessaires d’asepsie des prélèvements de lait, la concentration en cellules somatiques (CCS) du lait est la méthode la plus couramment utilisée en pratique pour la sélection des vaches à traiter. Plus récemment a été développé le comptage différentiel des cellules somatiques, qui évalue le pourcentage de neutrophiles et lymphocytes par rapport à l’ensemble des cellules.

L’objectif principal de cette étude menée par l’Université de Milan (Italie) était d’identifier les principaux facteurs de risques de valeurs élevées de CCS et de comptage différentiel (spécifiquement des neutrophiles) en début de lactation dans le cadre de la mise en place d’un protocole de traitement sélectif au tarissement.​

L’étude a été réalisée dans 3 élevages laitiers situés en Lombardie, soit 243 vaches laitières suivies de la fin de lactation jusqu’au début de la lactation suivante. Sur la base d’analyses des concentrations en cellules somatiques (CCS et comptage différentiel) durant le dernier mois précédant le tarissement, 91 vaches n’ont pas été traitées au tarissement avec des antimicrobiens mais ont reçu un obturateur externe.

Les seuils appliqués pour une vache sans inflammation de la mamelle étaient pour le CCS une valeur inférieure à 100.000 cellules/mL (primipares) et 200.000 cellules/mL (multipares), pour le comptage différentiel un pourcentage inférieur à 69,3 %. Les autres vaches (152) ont été traitées au tarissement avec des antimicrobiens et obturateurs externes.

Les principaux résultats sont les suivants :

  • La durée moyenne de la période sèche sur les 3 élevages a été de 56 jours. La production laitière moyenne au tarissement était de 19,7 kg de lait. Le CCS moyen était proche de 100.000 cellules/mL avec un pourcentage de CCS élevé (> 200.000 cellules/mL) entre 18 et 30 % durant l’année précédant le démarrage de l’étude. Un tiers des vaches (68) ont été classées comme « positives » avec en moyenne un CCS de 398.000 cellules/mL et une fraction prédominante de neutrophiles (67,4 %).
  • Après vêlage, les moyennes des CCS et des concentrations en leucocytes (neutrophiles + lymphocytes + macrophages) ne différent pas significativement entre les groupes traité et non traité.
  • Cependant, pour les vaches traitées, on observe en début de lactation une diminution significative du comptage cellulaire différentiel (neutrophiles + lymphocytes : 58 vs 64%), en particulier du pourcentage de neutrophiles, par rapport aux vaches non traitées (avec des valeurs qui restent en deçà des seuils reconnus au niveau international). La production laitière ne diffère pas entre les 2 groupes.
  • Une augmentation des CCS après vêlage était corrélée à des valeurs de CCS élevées en fin de lactation précédente et à un abandon du traitement antimicrobien systématique au tarissement.
  • Un CCS élevé dans le lait au dernier contrôle avant tarissement (≥ 100 000 cellules / mL), une période sèche longue (> 55 jours) et des flancs sales (score d’hygiène = 3–4 sur 4 maximum) augmentent la probabilité d’avoir un CCS élevé (≥ 100 000 cellules / mL) à la lactation suivante.

En conclusion, un comptage élevé en cellules somatiques au tarissement et l’application d’un protocole de traitement sélectif au tarissement étaient les deux facteurs de risque les plus significatifs de comptage cellulaire et de concentration en neutrophiles élevés après le vêlage.

Les pratiques de management, telles que la durée de la période sèche et la propreté des vaches, jouent un rôle important dans le choix de ne pas recourir à un traitement antimicrobien systématique au tarissement.

Dans cette étude, l’application d’un protocole de traitement sélectif au tarissement basé sur la combinaison de l’évaluation du CCS et du comptage différentiel (neutrophiles) a permis d’éviter un traitement systématique durant la période sèche pour environ un tiers des vaches laitières.

Résumé Publication “Risk factors of high somatic cell count and differential somatic cells in early lactation associated with selective dry cow therapy.” Mondini S, Gislon G, Zucali M, Sandrucci A, Tamburini A, Bava L Animal, 2023, 17 (10) : 100982 ; https://doi.org/10.1016/j.animal.2023.100982

GP-FR-NON-240600018

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