SANTE : relations entre parité et santé des vaches laitières
Il existe une relation significative entre la parité et l’incidence des principales maladies des vaches laitières : positive pour la fièvre de lait, les boiteries, la rétention placentaire, le déplacement de caillette, les mammites, la cétose subclinique et les maladies respiratoires (risques les plus élevés en parité ≥ 5 ; Odds-ratios de 2 à 4 en comparaison des primipares selon les troubles) ; négative pour les métrites et endométrites (risques les plus élevés en parité 1).
Ce sont les conclusions majeures d’une compilation de données concernant 28.230 vaches laitières Holstein provenant d’élevages américains, canadiens et australiens. En outre, l’analyse de critères métaboliques autour du vêlage et en début de lactation sur plus de 5.000 vaches a montré des différences selon la parité : ainsi les concentrations sanguines en acides gras non estérifiés (AGNE) et β-hydroxybutyrate (BHB) augmentaient avec la parité aux jours 1 à 3 de lactation ainsi qu’au pic de lactation.
Ces résultats soulignent des différences importantes au niveau du métabolisme des vaches selon la parité, en relation avec le niveau de production. (Lean et al, Journal of Dairy Science, 2021, 105: 21673).
MAMELLE : prévalence et facteurs de risques des affections cutanées et œdème mammaires
La prévalence de différentes affections de la mamelle, évaluée dans des élevages laitiers bavarois, s’est élevée à 4% pour les verrues sur trayons, 1,1 % pour l’œdème mammaire et 0,5% pour les dermatites de la mamelle. Une étude a été menée sur 6.208 vaches laitières provenant de 152 élevages situés en Bavière (Allemagne).
La prévalence médiane intra-troupeau de toutes ces affections de la mamelle a été inférieure à 4%. Divers facteurs de risques de ces affections ont été mis en évidence à l’échelle respectivement du troupeau et de la vache : lésions de l’apex des trayons et traite conventionnelle, concentration élevée en cellules somatiques (verrues) ; faible épaisseur de la litière (< 5 cm), 60 premiers jours de lactation (œdème mammaire) ; primipares, stabulation libre et tapis en caoutchouc (dermatites mammaires).
Peu d’études ont été menées sur l’épidémiologie de ces affections de la mamelle et il conviendrait de plus investiguer leurs facteurs de risques. (Groh et al, Journal of Dairy Science, 2022, 105 : 21867).
ENVIRONNEMENT : production laitière et empreinte carbone
Les pays où le lait est produit principalement sur un système basé sur le pâturage ont la majeure partie de leur empreinte carbone (> 50 %) associée à l’émission de méthane provenant de la fermentation entérique, tandis que les autres pays (en particulier d’Europe et d’Amérique du Nord) ont une part importante des émissions provenant conjointement de la fermentation entérique, de la gestion du fumier, de la production des aliments pour animaux et de l’utilisation d’engrais. Ce sont les enseignements d’une revue bibliographique réalisée par des scientifiques néozélandais, sur la base de 21 publications provenant de 19 pays différents.
L’empreinte carbone des pays a varié de 0,74 à 5,99 kg de CO2 par kg de production laitière corrigée par les taux de matières grasses et protéiques, les 5 pays les plus performants étant la Nouvelle-Zélande, l’Uruguay, le Royaume-Uni, les USA et l’Australie (< 1 kg ; la France était à 1,26 kg).
Enfin, une augmentation du niveau de production laitière moyen par vache réduit significativement l’empreinte carbone du kg de lait (ce qui confirme l’intérêt d’augmenter la productivité des vaches). (Mazzetto et al, Journal of Dairy Science, 2022, 105: 22117).
LOCOMOTION : réponse inflammatoire aiguë et boiteries
Les ulcères de la sole sont à l’origine d’une réponse inflammatoire systémique de longue durée chez la vache laitière, se traduisant par une concentration élevée de la « sérum amyloïde A protéine » (SAA) en comparaison de vaches saines.
Des données ont été recueillies entre 2016 et 2018 dans un élevage de 60 vaches situé en Estonie, dans lequel ont été suivies 50 génisses et vaches laitières présentant une des 3 affections suivantes à l’origine de boiterie : ulcère de la sole, dermatite digitée, maladie de la ligne blanche. Des marqueurs sanguins de l’inflammation (SAA, haptoglobine, interleukine 6) ont été mesurés le jour du parage puis 7 et 14 jours après (Université d’Helsinki).
Des résultats significatifs par rapport à des vaches « témoins » saines n’ont été observés que pour les ulcères de la sole, avec une concentration plus élevée en protéines aiguës de l’inflammation (surtout la SAA), une diminution de la température rectale et de l’interleukine 6 sanguine (IL-6) entre le jour du parage et 7 jours après. Quant à la parité, les concentrations en protéines aiguës de l’inflammation étaient inférieures chez les primipares par rapport aux multipares. (Pirkkalainen et al, Veterinary and Animal Science, 2022 ; 17 : 100253).
IMMUNITE : source de colostrum et immunité du veau laitier
Donner un colostrum provenant d’une seule vache (la mère ou une autre femelle laitière) permet d’induire chez le veau une immunité passive de meilleure qualité en comparaison de l’administration d’un colostrum « poolé ». Une équipe de scientifiques irlandais a suivi 320 vaches laitières et 119 génisses laitières autour de la mise-bas.
Les veaux étaient prélevés (sang) après la naissance et recevaient un colostrum de la mère ou d’une autre femelle laitière ou « poolé ». Puis les veaux étaient de nouveau prélevés 24 heures après, ensuite tous les mois. La concentration moyenne du colostrum en IgG était au-dessus de 80 mg/ml pour tous les groupes (seuil = 50 mg/ml), avec un avantage au lot « colostrum provenant d’une autre vache ».
La concentration sanguine moyenne en IgG chez le veau était significativement inférieure dans le groupe « colostrum poolé » par rapport aux 2 autres groupes. Il a été également trouvé une relation négative significative entre la concentration sanguine en IgG du veau à 24 heures et le poids de naissance du veau. (Barry et al, Journal of Dairy Science, 2021, 105: 20343).
ECONOMIE : lien entre indicateurs de performance du troupeau et longévité des vaches
L’absence d’une association significative entre des indicateurs de performances du troupeau laitier (taille d’élevage, agrandissement de l’élevage, taux de renouvellement, taux de cétose subclinique) et les critères de longévité des vaches à l’échelle d’un troupeau (âge à la réforme, taux de réforme, production de lait sur la carrière de la vache) indique qu’il y aurait un potentiel pour allonger la longévité du troupeau sans en affecter ses performances (production, santé et reproduction).
Un groupe de spécialistes de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) a travaillé sur les données de 10719 troupeaux laitiers néerlandais entre 2007 et 2016 avec les moyennes suivantes en termes de performances : âge des vaches à la réforme (2139 jours), production laitière sur la carrière (31238 kg), taux de réforme (0,24).
Les différences en termes de longévité à l’échelle du troupeau sont sans doute plus liées à d’autres critères de performances que ceux précédemment évoqués, comme par exemple le comportement de l’éleveur et le type de conduite du troupeau laitier. (Han et al, PLoS ONE 17; 12: e0278204).
ELEVAGE BIO : composition du lait des élevages bio versus conventionnels
La composition globale du lait était quasiment similaire entre les systèmes d’élevage bio et conventionnels du nord de l’Italie, en raison notamment de similitudes dans les rendements de production laitière, la race concernée (Holstein) et de manière générale le niveau d’intensification.
Des échantillons de lait de tank ont été prélevés puis analysés entre septembre 2019 et août 2020 dans respectivement 12 élevages bio et 12 élevages conventionnels du nord de l’Italie. Aucune différence n’a été mise en évidence quant aux taux de matières grasses, de lactose, de vitamine E et d’acides aminés entre les 2 systèmes de production.
En revanche, pour les élevages bio, les teneurs en matières protéiques et caséine étaient inférieures, les concentrations en cellules somatiques supérieures par rapport aux élevages conventionnels. Sur certains mois, les teneurs en magnésium, potassium, soufre et fer étaient inférieures dans les élevages bio. Enfin, en ce qui concerne les acides gras (AG), les concentrations en AG polyinsaturés et oméga-3 étaient en moyenne supérieures dans les élevages bio.
L’influence du mois d’analyse était significative sur de nombreux critères de composition du lait, en lien notamment avec l’alimentation des vaches. (Manuelian et al, Journal of Dairy Science, 2021, 105 : 5561-5572).
REPRODUCTION : relation entre inflammation en période péripartum et santé de la reproduction
Les métrites et les pertes vaginales purulentes sont associées à la combinaison de modifications du microbiome du tractus génital, d’une altération de la réponse immunitaire, d’un traumatisme de l’appareil génital et à l’inflammation qui en résulte, tandis que les endométrites semblent refléter une inflammation persistante et non régulée, qui ne semble pas être causée par une infection.
Cette communication est une synthèse d’un spécialiste de la reproduction bovine, le Dr Stephen LeBlanc, de l’Université de Guelph (Canada). En effet, les métrites sont associées de manière constante à une réduction de la diversité du microbiome utérin ; parallèlement, les écoulements purulents vaginaux, 4 à 6 semaines après vêlage, sont fortement liés à une infection bactérienne au niveau utérin. Inversement, le microbiome est généralement similaire entre vaches saines et vaches atteintes d’endométrite, ce qui signifie que les endométrites sont davantage la conséquence d’une dérégulation du processus inflammatoire.
Un concept émerge quant au fait que cette réaction inflammatoire n’est pas seulement la conséquence d’une lésion ou d’une infection, mais la conséquence ou l’origine de perturbations métaboliques. Cette inflammation utérine contribue sans doute au développement de l’inflammation systémique, caractérisée par une relargage de cytokines pro-inflammatoires. (LeBlanc, JDS Communications, 2023, 4).
PARASITISME : impact des strongyloses sur la croissance des jeunes bovins (lait, viande)
Le niveau d’infestation par les strongles de bovins en croissance, évalué par le comptage fécal des œufs de parasites (opg = œufs par gramme de matières fécales), est associé à une réduction de la croissance de jeunes bovins, quels que soient les systèmes et lieux de production, les catégories de jeunes bovins.
Une méta-analyse a été réalisée par des scientifiques australiens, avec une sélection de 26 publications (15 provenant d’Amérique du Nord, 6 d’Europe ; 10 concernaient des génisses laitières), relatant 59 comparaisons de groupes de jeunes bovins (un groupe de référence avec une excrétion moyenne basse en opg, un groupe « expérimental » avec le plus fort niveau d’excrétion en opg, avec un rapport de 1 à 10 au niveau des opg).
Ainsi, le gain moyen quotidien (GMQ) sur la période de croissance des jeunes bovins (lait ou viande) du groupe « expérimental » était de 0,89 fois le GMQ des animaux du groupe de référence. Ce ratio de GMQ diminuait d’un facteur 0,131 pour chaque augmentation d’ 1 log10 du comptage fécal des œufs de parasites (opg). Ces résultats confirment l’intérêt de contrôler la charge parasitaire en strongles chez des jeunes bovins en croissance. (Shephardet al, Veterinary Parasitology, 2022, 309 : 109760).