MAMMITES : prévalence et facteurs de risques des mammites à Klebsiella spp.
MAMMITES : prévalence et facteurs de risques des mammites à Klebsiella spp.
Cette méta-analyse a révélé que les prévalences des échantillons de lait positifs à Klebsiella spp. d’une part et à des souches multirésistantes de cette même bactérie d’autre part sont fortement corrélées avec le niveau de développement économique et la densité de population du pays ou de la région. Ce sont les principales conclusions d’une méta-analyse réalisée par des universitaires chinois à partir de plusieurs bases de données entre 2007 et 2021, soit au total 79.852 échantillons de lait soumis à une bactériologie dans 55 publications. La prévalence moyenne mondiale de Klebsiella spp. dans le lait s’est élevée à 7,95 %, avec une prévalence croissante au fil des années. Les facteurs de risques significatifs liés à une forte prévalence de cette bactérie mammaire pathogène ont été le niveau de développement économique des pays ou régions (pays en voie de développement : 11,76 % versus pays développés : 3,31 %), le type de mammite (clinique : 11,99 % versus subclinique : 6,44 %) et la densité de population (> 500 habitants par km2 : 10,28 % versus < 50 par km2 : 4,13 %. En ce qui concerne la prévalence de souches multirésistantes de Klebsiella spp. dans le lait, on retrouvait les mêmes facteurs de risques significatifs mis à part le type de mammite. (Song et al, Frontiers in Veterinary Science, 2023, 10 : 1143257 ; https://doi.org/10.3389/fvets.2023.1143257).
REPRODUCTION : activité physique au moment de l’IA et fertilité des vaches laitières
Les résultats de la présente étude soulignent l’importance d’une intense activité physique au moment de l’insémination artificielle (IA) pour optimiser les performances de reproduction des vaches laitières. Pour les vaches inséminées sur la base d’un œstrus spontané et les vaches soumises à un protocole de synchronisation, la fertilité (taux de réussite à l’IA1) était fortement associée à une intensité accrue de l’activité physique au moment de l’IA. Ce sont les principales conclusions d’une étude de l’Université de Berlin (Allemagne) comprenant 2 expérimentations réalisées dans 1 ferme slovaque et 8 élevages allemands. Les vaches étaient soit inséminées sur la base de la détection des chaleurs par des accéléromètres, soit inséminées à la suite d’un protocole de synchronisation de 7 jours. Les données d’activité étaient compilées toutes les 2 heures pour chaque vache par les accéléromètres reliés à une base informatique centralisée. Les facteurs de variation significatifs de la fertilité ont été la parité et la saison. Si l’on considère les vaches inséminées sur détection de l’œstrus, les vaches avec une forte activité ont une fertilité (taux de réussite à IA1) augmentée par rapport à des congénères à faible activité (essai N° 1 : 55,1 % versus 49,8 % ; essai N°2 : 45,8 % versus 36,4 %). (Tippenhauer et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (6) : 4291-4305 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22057).
BREBIS LAITIERE : mammites subcliniques chez les brebis laitières
Le risque d’incidence (« incidence risk ») des mammites subcliniques a été, lors de cette étude réalisée en Grèce, supérieur à 50 % tout au long de la période de traite des brebis laitières, les staphylocoques étant les agents pathogènes les plus fréquents dans ce type d’infections intramammaires. Il a été montré une corrélation positive significative entre la fréquence des mammites subcliniques dans les troupeaux laitiers et la qualité du lait de tank produit dans les fermes ovines laitières. Une étude longitudinale conduite par des scientifiques de l’Université de Thessalonique (Grèce) a été réalisée dans 12 troupeaux de brebis laitières en Grèce. Des échantillons individuels de lait de 240 brebis et de lait de tank ont été collectés lors de quatre visites répétées sur une période de six mois pour des examens bactériologiques, chimiques et cytologiques. Le risque d’incidence était défini comme le rapport suivant : nombre de nouveaux cas de mammite subclinique sur la période étudiée / nombre de cas sains au début de la période étudiée ; ce critère s’est élevé à 51,7 % en moyenne (de 25 à 75% selon les élevages), avec des staphylocoques responsables de ces infections dans 48,8 % des cas (essentiellement S. aureus et S. simulans). Le risque de récurrence de ces mammites subcliniques a été de 35,4 % dans les élevages. Les concentrations en cellules somatiques (CCS) du lait de tank étaient significativement corrélées à la prévalence des mammites subcliniques. Les facteurs significatifs associés à une augmentation de l’incidence des mammites subcliniques ont été un retard dans le démarrage de la traite des brebis, l’absence de vaccination contre les staphylocoques (mammites) et le manque de personnel dans les élevages. (Michael et al, Animals, 2023, 13 : 3295 ; https://doi.org/10.3390/ani13203295).
IMMUNITE : nutrition du veau avant sevrage, conséquences métaboliques et immunitaires
Augmenter la distribution quantitative de lait pendant la phase de pré-sevrage (de la naissance jusque 10 semaines d’âge) a une influence positive sur la croissance, la compétence immunitaire et les paramètres métaboliques du veau. Une réponse immunitaire améliorée à la vaccination a été observée dans cette étude avec un régime élevé en quantité de lait distribuée (8 litres/veau/jour), avec lequel les taux de leucocytes, neutrophiles et d’insuline du veau étaient plus élevés que dans le régime à ingéré limité (4 litres/veau/jour). Ce sont les principales conclusions de cette étude de l’Université de Melbourne (Australie) sur la base d’un suivi de 20 veaux laitiers Holstein que l’on a séparés en 2 groupes, l’un avec une distribution quotidienne moyenne de 8 litres de lait par veau (L8), l’autre avec seulement 4 litres de lait/veau/jour (L4). Le gain pondéral du groupe L8 a été significativement supérieur par rapport à l’autre lot à partir de la deuxième semaine pour atteindre un écart de 19 kg au sevrage. Il n’a pas été observé de différence sur la consommation de foin de luzerne et de concentré (disponibles à volonté) entre les 2 groupes. Ces résultats ne vont pas dans le sens de pratiques fréquentes en élevage de restriction de l’alimentation lactée avant sevrage des veaux. (Ockenden et al, Animals, 2023, 13 : 829 ; https://doi.org/10.3390/ani13050829).
ENVIRONNEMENT : empreinte carbone de l’élevage laitier néerlandais
L’empreinte carbone de la production de lait cru issue des élevages laitiers néerlandais a été réduite de 35% entre 1990 et 2019. C’est le titre et le résultat de cette publication éditée par des spécialistes universitaires dans le domaine de l’environnement aux Pays-Bas. Cela correspond à une évolution de 1522 g CO2-eq./kg lait corrigé par les taux de matières protéiques et grasses du lait en 1990 vers une quantité de 992 g CO2-eq./kg lait corrigé en 2019. Le méthane entérique était le poste le plus contributeur à cette empreinte carbone du lait cru (mais en baisse de 15 % en 30 ans), suivi de la production de fourrage grossier à la ferme (également en diminution, de 52 % entre 1990 et 2019), des ressources achetées à l’extérieur (baisse de 54 % sur la même période), du stockage du fumier (hausse de 26 % en 30 ans) et enfin des dépenses en énergie (diminution de 47 % sur cette période). Cependant, la réduction globale de l’empreinte carbone est légèrement moins importante (32 %) si l’on prend en compte la transformation de terres au sein de l’écosystème vers la production agricole. L’émission totale du secteur laitier néerlandais en gaz à effet de serre (en multipliant le critère précédant par kg de lait corrigé par la production laitière totale corrigée aux Pays-Bas) a diminué de 15 % entre 1990 et 2019.
(Hospers et al, Journal of Cleaner Production, 2022, 380 (1) : 134863 ; https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2022.134863).
DIAGNOSTIC : critères de prédiction des mammites de fin de lactation
Dans des troupeaux laitiers élevés dans des systèmes basés sur du pâturage saisonnier et présentant un niveau faible de cellules somatiques dans le lait de tank, le dernier jour de contrôle de la concentration en cellules somatiques du lait (CCS ; intervalle des jours de lactation = 221–240) est le meilleur prédicteur des infections intramammaires en fin de lactation ( > 230 jours). C’est une des conclusions de cette étude irlandaise menée sur 2.074 vaches laitières réparties dans 21 élevages laitiers ayant des vêlages de printemps et un pâturage saisonnier, avec une CCS moyenne de lait de tank ≤ 200.000 cellules/mL. Presque 19 % des vaches ont présenté une mammite en fin de lactation (240-261 jours), avec une prévalence plus élevée chez les primipares par rapport aux multipares (29,3 % versus 16,1 %) et une prédominance des infections intramammaires à Staphylococcus aureus. La valeur de CCS lors du dernier contrôle de fin de lactation s’est avérée le meilleur prédicteur d’une infection avant le tarissement ; la capacité de ce critère de prédiction n’est pas améliorée par la parité, le niveau de production laitière au dernier contrôle ni l’historique des valeurs élevées de CCS durant la lactation. Le seuil de CCS maximisant sensibilité et spécificité de la prédiction a été estimé à 65.000 cellules/mL lors du dernier contrôle. (Clabby et al, Journal of Dairy Science, 2023, 106 (7) : 4991-5001 ; https://doi.org/10.3168/jds.2022-22627).
BIEN-ÊTRE : impact de veaux mort-nés sur le comportement des vaches primipares
La mise-bas de veaux mort-nés par des vaches laitières primipares a un impact négatif et à long terme sur le comportement, les concentrations de cortisol dans les poils et le sérum, ainsi que sur la production laitière. Ce sont les principaux résultats d’une étude menée par des scientifiques mexicains qui ont comparé le comportement, les concentrations de cortisol au niveau des poils et du sérum (le cortisol est considéré comme un marqueur de stress), la production laitière et la qualité du lait entre des vaches primipares Holstein avec des veaux mort-nés (VM ; n=15) et avec des veaux viables (VV ; n=29). Les vaches VV passaient significativement plus de temps couché, à ruminer et boire en comparaison des vaches VM … mais subissaient plus d’agressions de la part de leurs congénères. Les concentrations de cortisol pilaire et sérique étaient plus élevées chez les vaches VM à 60 jours de lactation. Les auteurs ont observé une tendance à une production laitière supérieure pour les vaches VV à 3 et 9 mois de lactation, avec une différence sur le taux de matières grasses à 3 mois et le pourcentage de lactose à 9 mois toujours à l’avantage des vaches VV. Par contre, il n’a pas été observé de différence significative entre vaches VM et VV sur l’état corporel, les performances de reproduction et les concentrations en cellules somatiques du lait. (González-de-la-Vara et al, Journal of Veterinary Behaviour, 2023, 66 : 20-28 ; https://doi.org/10.1016/j.jveb.2023.06.008).
ANTIBIORESISTANCE : antibiorésistance des colibacilles entéropathogènes zoonotiques dans l’élevage laitier et son environnement
Différents virotypes de colibacilles entéropathogènes sont présents en élevage laitier et dans son environnement direct, d’où l’existence d’un risque de transmission de ces agents zoonotiques à l’homme indépendamment de la saison. Une équipe de l’Université du Maryland (USA) a collecté 846 prélèvements de différents substrats (eau, lagon de lisier, litière, aliments pour animaux, matières fécales, terre et compost) dans et autour de 5 fermes laitières du Maryland en hiver. Ils y ont recherché les colibacilles pathogènes en bactériologie avec confirmation en PCR afin de déterminer les virotypes. Des échantillons de sol ont été également prélevés en hiver et été pour analyse du microbiome. La prévalence de ces E. coli pathogènes s’est avérée élevée en moyenne pour les 5 élevages à 8,93 % avec une prédominance des souches ETEC (entérotoxinogènes) par rapport aux souches STEC (productrices de shigatoxines). La plus forte prévalence de colibacilles pathogènes a été trouvée dans le lagon de lisier (21,57 %), la plus faible prévalence dans le tas de compost (2,99 %). Parmi les isolats, 95,87 % des virotypes étaient résistants à 9 classes d’antibiotiques avec la plus forte proportion de résistance pour les quinolones (68,04 %). Le phylum dominant caractérisé à partir des prélèvements de sol était constitué des Proteobacteria (26,70 et 24,93 % des bactéries du sol respectivement en été et hiver), qui comprennent notamment les bactéries Gram – pathogènes tels les colibacilles. (Aditya et al, Journal of Food Protection, 2023, 86 : 100051 ;https://doi.org/10.1016/j.jfp.2023.100051).
TARISSEMENT : traitement antibiotique au tarissement et guérison bactériologique
Les résultats de cette étude indiquent que l’efficacité d’une antibiothérapie au tarissement sur la guérison bactériologique dépend de l’agent pathogène à l’origine de l’infection intramammaire. Les quartiers infectés par des bactéries Gram +, à l’exception des Staphylocoques (S. aureus et « non-aureus »), étaient plus susceptibles de bénéficier d’une antibiothérapie au tarissement par rapport aux quartiers infectés par des bactéries Gram -. Une différence globale de 9 % a été observée dans les taux de guérison bactériologique entre les quartiers traités (QT) et non traités (QNT) au tarissement, tous agents pathogènes confondus (84,50 % versus 75,06 %). L’élevage, la vache et la saison du tarissement ont également une influence significative sur la guérison bactériologique des mammites. Ce sont les principales conclusions d’une étude rétrospective menée par l’Université d’Hanovre sur2.947 quartiers infectés au tarissement, pour lesquels les auteurs ont recueilli des informations sur les agents pathogènes, l’application de traitements au tarissement, le niveau de cellules somatiques du lait (CCS), la production laitière, l’état corporel et la saison. La seule différence observée entre QT et QNT dans les résultats descriptifs des vaches au tarissement a concerné les valeurs moyennes de CCS (respectivement 625.000 versus 502.000 cellules/mL). La plus forte différence en termes de guérison bactériologique entre quartiers traités et non traités a été observée pour les streptocoques (94,12 % versus 74,12 %)., ceci en considérant les données brutes. Si l’on prend en compte d’autres facteurs (élevage, vache, saison), le différentiel de guérison bactériologique au bénéfice des quartiers traités est estimé à 22,6 % pour les streptocoques et 13,8 % pour les autres bactéries Gram + (sauf les staphylocoques). Enfin, le taux de guérison était plus faible chez les vaches taries au printemps (mars-mai) par rapport à celles taries en automne (septembre-novembre). (Müller et al, Antibiotics, 2023, 12, 429 ; https://doi.org/10.3390/antibiotics12030429).
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